dimanche 6 mars 2011

Gazi

Cher lecteur,

Après une absence des plus longues, me revoilà sur le devant de la scène, avec en tête de te faire découvrir les derniers endroits d'athènes et les derniers moments passés dans la capitale.

Je ne crois pas encore avoir évoqué Gazi. C'est un quartier de la ville dont le succès est relativement récent. Il tient son nom de la grande usine à Gaz qui a été reconvertie en un centre culturel (mouais, j'aurai l'occasion de revenir dessus) et est désormais le lieu phare pour les sorties de fin de semaine : discothèques ou bars dansant se côtoient. La musique y est forte, et de plus ou moins mauvais goût, les consommations sont hors de prix (6euros la heineken, on déguste). Bref, c'est un endroit rêvé pour tout kéké souhaitant dilapider sa paye dans des trucs pas bon avec de la musique qui pue. Je ne parlerais sûrement pas du but ultime de tout endroit de ce type : ramener une personne du sexe opposé ou non à la maison, qu'elle/il soit pas mal étant un facteur dont l'influence décroît avec la quantité d'alcool ingéré. Je tiens à préciser que ceci n'est que mon avis et que j'accepte toute critique quant à la violence de mes propos (ouh la méchante). De même, je pense que de toute évidence tout lieu a pour but ultime la copulation (ce n'est pas un mal) mais certains le montrent plus que d'autres. Et l'on est bien content d'en profiter (aussi).
Gazi est aussi un lieu de culture, surtout moderne. C'est pour cette raison que j'ai voulu me rendre à Technopolis, cette ancienne usine reconvertie en centre culturel. Bilan de l'escapade citadine : échec total. Ce lieu est cité dans tous les guides, et pourtant, sans rire, il n'y a rien ! rien de rien ! Enfin si, il y a des vigiles pour "surveiller" l'entrée. Premier tour du complexe. Découverte d'un café/restaurant et d'une salle de jeu ouverte de 12h à 14h. Bien. Une exposition était annoncée, à la gloire de je ne sais plus quel artiste illustre. Je pose donc la question à ces messieurs : elle n'est pas installée ! Retour maison alors.



Cet échec, je le mets sur le dos des dates buttoirs que les grecs ne savent pas respecter. En même temps, je pense que ce genre de retard est possible n'importe où. Et cette mission m'a tout de même permis d'observer le quartier de jour. L'échec est donc relatif (morgane = contente). Voici donc quelques photos de ce que l'on peut trouver sur les murs du quartiers. Ce n'est bien sûr pas exhaustif, le nombre de recoins dans ce quartier semblant être infini.













mardi 4 janvier 2011

Ode au nouvel an

Cher lecteur,

Dans un élan nouveau d'inspiration, j'ai décidé de te raconter ma vie. Après l'attaque (imaginaire) enragée canine, je te présente... Roulement de tambour... Le pickpocket sous couvert de la saint sylvestre.

Tout commence par une belle matinée (15h) d'hiver grec (ciel bleu-10°C au thermomètre). Je me réveille doucement, épanouie, douce et fraiche. OU plutôt, la gueule dans le seau et de mauvaise humeur : c'est le 31 décembre. Je déteste le nouvel an. Pour quoi s'ennuyer à fêter la nouvelle année (qui sera sans doute pire que la précédente : rides, poids, responsabilités et j'en passe) alors que je suis convaincue que la meilleure nuit qu'on passe est finalement une date totalement aléatoire ? J'ai eu la réponse : "Because, for new year's eve, we can get OFFICIALLY WASTED in the streets !" Ca se défend.
Après quelques tasses de café, la motivation me gagne. Après tout, c'est chouette les feux d'artifices. C'est folklorique, c'est drôle.

22h. Nous sommes devant le parlement, place Syntagma. Comme la période d'examens approche, nous parlons de nos difficultés respectives à s'y atteler. La bière à la main. La soirée s'annonce bien. On ira sur les rochers, la vue sur la l'acropole y est magnifique, et on se perdra dans des discussions pseudo-philosophique, de comptoir comme ils disent.
Minuit. Feu d'artifice. On applaudit. On s'embrasse. On est content.
La rue piétonne qui fait face à la place Syntagma est bondée. Les gens dansent, par groupe. Ils semblent heureux. Et, grande romantique que je suis, je suis remplie de joie à voir ces visages inconnus souriants à l'avenir (cul-cul la praline, n'est-ce pas ?).
Près d'un carrefour, des algériens dansent. C'est nos copains ! (Pigeon). Allons danser avec eux. Quelques mains baladeuses plus tard, je me rend compte que tout ce qui me reste est cette bouteille de vin surnommée essence. Plus de téléphone, plus de porte-feuille, plus de carte bleue. Je me retourne à la rue. Simon est dans la même situation.

La joie retombe comme un corps au fond de la Seine. Sous l'effet de la vase, ma vue est embuée. Ah oui, je pleure (sensiblerie féminine).
"C'est pas nous, c'est les bengladis".
Peu importe. Ce qui est fait est fait. Un peu le sentiment, exacerbé par l'alcool d'être à la rue. Nos amis tentent de nous réconforter. L'un d'eux s'est aussi fait voler son portable, ainsi qu'une capote (sans l'emballage). Ce sont des pros c'est sur. Mais ceux qui me consolent finalement sont le même groupe qui nous a volé. Le comble ! Troc d'un verre de vin contre une cigarette. Discussion à tâtons.
Maltraités par la police, sans papiers, sans domicile. Finalement, j'ai encore un toit ou vivre et une mère avenante  pour régler mes problèmes. Et mes papiers les aideront peut-être à atteindre la France et à y rester... Qui sait ?
Finalement, je suis toujours contente (et pourtant ce n'est que du vin !). Mais Simon prend les choses en main. Après plusieurs recherches infructueuses autour du carrefour (sait-on jamais), il m'emmène jusque la police.

OOOOOOOh le commissariat grec ! Une blague. Nous sortons de là fatigués : 4ème étage sans ascenseurs, et agents cons comme leur pied ; avec une déclaration de perte (au lieu de vol)... Une déclaration de perte ?! Oui. Qui nous vaudra un retour dans l'antre du démon(dieu où va on les chercher ?) pour une nouvelle attestation de... perte (comprennent pas. Vraiment). Pour notre excuse, la déclaration est en grec. 
A la sortie du commissariat, reprise de la bouteille qui nous attendait sagement dehors. "Et si on prenait un taxi ?" Ah oui c'est vrai, on n'a pas un rond. A l'ancienne, retour à pied. Discussions de comptoirs comme promises contre le capitalisme et la spéculation et prônant le retour à la "banque sous le matelas". Rapport aux événements précédents ? Les sous sous familiaux respectifs.

Retour à l'appartement. Ouf, j'ai encore les clés. Appel en catastrophe depuis internet. Solutions trouvées. La nuit se termine sur une partie de ToutLeMondeVeutPrendreSaPlace. La vie reprend vite son cours :).

Je te joins quelques photos prises sur le trajet. Comment ça je triche ? Comment ça, ces photos ne montrent pas grand-chose ? Je m'en fous, elles seront reconnues à titre posthume... 
Bon, disons qu'elles ont au moins un rôle illustratif : représentation de l'athènes moche (80% de la ville).





jeudi 9 décembre 2010

Back to riots

Cher lecteur,

Hier, lundi 6 décembre, était le jour anniversaire du meurtre d'Alexis Grigoropoulos, 15ans, par un policier. Et Simon me montre fièrement sa cuisse qui porte l'empreinte de Rangers pointure 44.

Recadrons les faits : il existe un quartier dans Athènes, exarhia, lieu de rassemblement des anarchistes et autres "extrémistes" de gauche. C'est aussi un lieu convivial où il fait bon boire et écouter de la musique. Peu importe, la police encercle le quartier en permanence ("c'est là où il y a les méchants"). 
Korkoneas, ou "Rambo".

Lors d'un contrôle nocturne, un adolescent est tué à la suite d'un échange de mots quelque peu épicés avec le couple policier. Le coup part. D'après Korkoneas, l'auteur du tir, c'est un ricochet qui a tué le jeune homme, et c'est ce qu'il dira à la cour. Cependant, il s'agit bel et bien d'un meurtre de sang froid. 
La rumeur se répand dans le quartier, dans la ville et dans l'ensemble du pays. Les gens se lèvent et se révoltent. Ce sont les émeutes de 2008 : voitures enflammées, vitrines brisées...Qui dureront près d'un mois.

http://www.courrierinternational.com/article/2008/12/08/la-revolte-d-une-jeunesse-sans-avenir


Ce meurtre est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. La population grecque doit faire face au manque d'efficacité du gouvernement : mainmise sur la lourde bureaucratie, la justice et l'économie impliquant pots-de-vin alléchant et pistons en tout genre ; ainsi que son absence totale lors des incendies qui ont ravagé le pays. A sa corruption : différentes affaires (jeux olympiques, monastère du Mont athos, prostitution pour passer de l'argent sale au sexe... ). 
Bref, c'est la merde, ça sent pas bon.


Ajoutons à ce délicieux fumet le fait que la Grèce est soumise à une dette défiant toue concurrence. S'il y a des coupes budgétaires, elle se font dans un premier temps par le gel des salaires et la réduction du budget voué à l'éducation (entre autres)... "[The government] has also partially privatised ports and plans to do the same with hospitals and schools - at a time when one in five live in poverty and youth unemployment stands near 25%, the highest in Europe." (the guardian)  
La nouvelle génération grecque (qui correspond à la nôtre) n'a donc pas réellement d'échappatoire dans l'avenir : la génération "700euros" (salaire moyen une fois le diplôme empoché) est au bord de l'asphyxie.

Et bam alexis grigoropoulos est tué par un policier.
"Police violence is not new, it is just that previous victims have been immigrants or Roma and so do not make the media." (The guardian)


Quelle réaction peut on attendre si ce n'est la violence ? Existe il un autre moyen de se faire entendre par un gouvernement autiste ? Mais ce qui est effrayant, c'est que c'est un mouvement de masse.

"The teenagers and twenty-somethings who have come close to toppling the Greek government are not the marginalised: this is no replay of the riots that convulsed Paris in 2005. Many are sons and daughters of the middle classes, shocked at the killing of one of their own, disgusted with the government's incompetence and corruption, enraged by the broken promises of the education system, scared at the prospect of having to work still harder than their exhausted parents."(The guardian)


"En clair, le vandalisme que l’on constate est à condamner en soi, mais il faut le replacer dans le contexte explosif de ces derniers jours et le contexte global du pays qui les connaît. « Il faut vraiment être aveugle, continue le journaliste, pour ne se focaliser que sur les excès qui se greffent (et même si quelques individus exploitent la situation) sur la contestation sociale soulevée par un crime et par une accumulation de désespoir qui n’attendait qu’une occasion pour exploser. Il faut vraiment être aveugle pour ignorer la réalité de ces dernières années qui voient la légalité, celle qui doit définir le fonctionnement d’un « Etat de droit » réel et non mensonger, être détruite. »"(http://pressealagrecque.cafebabel.com)

Ces derniers mots sèment le doute, mais ce qui est certain c'est que la violence m'effraie. C'est pour cette raison que je n'ai pas suivi la manifestation en l'honneur de la mort du jeune homme. Dès le début, les poubelles sont incendiées, les stations de bus brisées, certains trottoirs et façades de mur détruits... 



la résultante de ces actes vandales évidemment jetée contre les monsieurs verts. Le tout dans l'attente qu'ils chargent et qu'ils montrent encore une fois qu'ils sont mieux entraînés que les civils, qu'ils sont plus forts et mieux équipés.
Le tout est bien sûr agrémenté de bombes lacrymogènes, leur odeur m'ayant permis de suivre la marche de loin.

la bombe lacrymogène à la main
 
Une anarchiste a dit que le seul moyen de se faire entendre était la violence. Moi je pensais que c'était le nombre qui permettait de se faire entendre. Et combien de citoyens fuient ces manifestations par peur ?
Parce qu'évidemment les représailles policières ne sont pas sélectives : on rentre dans le tas et on frappe à tout va, à qui aura le plus de détenus à la fin de la journée...
C'est vrai que les forces de l'ordre sont les représentants de l'autorité tout ça, mais à quoi bon se jeter contre eux ? On peut les blâmer certes : il apparaît que le nombre de policiers paranoïaques et réellement violents augmente.
Cependant, je continue à croire que conserver la violence comme moyen d'expression ne fait qu'envenimer la situation, qu'elle n'amène a rien.
Et en même temps, il ne s'agit pas d'une révolution mais d'une révolte contre cette situation poisseuse. Il ne s'agit pas de rétablir un nouvel ordre mais de clamer son mécontentement, de rappeler qu'on n'a pas d'avenir dans un pays en faillite.
(http://www.courrierinternational.com/article/2009/04/23/comme-un-air-de-revolte

"The demands of the young are hard to formulate. They want an end to police violence; they want to change things; they want jobs, and hope; they want a better system. If the wish list is slightly vague, the problem itself is amorphous and difficult to name: a crisis of values and institutions, society and economy, vision and leadership." (The guardian)


Pour revenir au cœur du sujet, la période qui a suivi le 6 décembre 2008 a été un cauchemar pour les forces policières qui n'étaient pas préparée à la situation.
"Thousands of protesters hurled stones and Molotov cocktails at police yesterday, as Greek police reportedly began to run out of teargas after a week of riots that have seen the streets of major cities turned into virtual war zones. Police sources say they have used more than 4,600 teargas capsules in the past week and have contacted Israel and Germany for fresh stocks." (The guardian)


Le tir a été réajusté l'année suivante puisqu'environ 6000 policiers étaient déployés dans les rues d'Athènes le jour J, que 800 personnes ont été arrêtées avant la manifestation en guise de prévention, qu'une loi proscrivant le port de la cagoule, capuche, écharpe a été élu permettant d'arrêter toute personnes l'enfreignant.(Mouais... Je n'ai jamais vu autant de personnes encagoulées lundi dernier).

"Le 6 décembre [2009], le journal Eleftherotypia dressait un premier bilan de ce qu'il considère comme une dérive policière: « 200 condamnations, plus de 1000 arrestations, 60 gardes à vue, utilisation abusive des caméras par les forces de police, prélèvement obligatoire d'ADN même en cas de petit délit... » Le pire, selon Christos Zerbas, auteur de l'article, c'est que les mesures très controversées adoptées par le précédent gouvernement en matière de sécurité, en particulier la fameuse loi anti-cagoule, qui permet aux forces de police de procéder à un contrôle musclé de toute personne cachant son visage par un couvre-chef un peu... couvrant (comme le font en général les casseurs, tout comme les simples citoyens grippés, par exemple) non seulement n'ont pas été abrogées par le nouveau gouvernement qui l'avait promis, mais ont même été appliquées de façon zélée. Le journal plaide pour le changement rapide de ces lois de sécurité, qui devrait intervenir dans le premier trimestre 2010." (http://pressealagrecque.cafebabel.com)


"The citizen protection ministry asserts the measures averted the sort of widespread destruction that occurred last year. Police preventively detained 806 individuals nationwide for identification. Only a quarter of those detained nationwide between December 4 and 8 were charged with offences. That included disturbing the peace, property damage and resisting authority.[...] Central Athens on December 6 seemed a city under police siege, as a force of nearly 5,000 police filled the streets, while police helicopters were used for aerial surveillance. A huge march by university and school students, teachers and parents was carried out largely peacefully on December 7. But many protesters charged police excesses, including cases where police motorcycles weaved into blocs of marchers. " " (Athensnews)
 


L'année 2010 a pourtant été plus calme : "A total of 96 people were detained, of which 42 were slapped with charges, with the rest freed. " (Athensnews)

"Police said the three injured were a man beaten by youths who suspected him of being a plain-clothes police officer, a woman suffering from shock after a flare exploded next to her at the junction of Ippokratous and Panepistimiou streets and a man found injured in unknown circumstances on the corner of Aiolou and Stadiou streets.[...]Authorities said 2,000 police were posted around the capital and another 1,000 were standing by. " (Athensnews)


J'espère, cher lecteur, t'avoir fait réfléchir autant que j'ai pu le faire au sujet de la génération 700euros (j'ai encore mal à la tête). En ce qui me concerne, c'est le meilleur vaccin contre la réalité, je pars m'enfouir dans un roman.

A bon entendeur !

PS : Je te prie de m'excuser pour la longueur de l'article, il y a beaucoup de choses à dire sur le sujet. Et si tu es arrivé jusque là, c'est que soit tu as eu la force, le courage, la détermination... de tout lire, soit tu as osé sauté le corps du texte pour ne regarder que les images (HONTE A TOI !)

lundi 6 décembre 2010

De l'origine des hommes

Cher lecteur,

Il y a encore un thème, et non des moindres, que je n'ai pas abordé dans ce blog : la mythologie grecque. Tu en sais certainement autant, voire plus, que moi à ce sujet. Cependant, je tiens à mettre les points sur les i. Commençons donc par le commencement ; non celui des dieux, mais celui des hommes.

Je fais l'effort de ne pas te barber quant au sens même de la mythologie, son lien à la religion, son lien au peuple, etc. Tâchons de se limiter au cœur du sujet !
Tout ce qu'il te faut savoir, c'est que la mythologie n'est pas une 'science' exacte. C'est pourquoi il existe moultes versions d'une même histoire, telle que celle que je m'apprête à te raconter. Ne t'offusques donc pas, cher lecteur, si ma version diverge de la tienne.

Dans des temps plus anciens, les titans se révoltèrent contre les Dieux de l'Olympe : une question de pouvoir et d'emprisonnement... Prométhée, fils de titan, donc titan, donc immortel ; mais aussi adroit et malin, ne s'est pas joint à la lutte en question. Il convint l'un de ses frères, Épiméthée à faire de même. NB : Épiméthée signifie littéralement "réfléchir après", je te laisse donc estimer ses capacités intellectuelles.

Cela ne signifie pas pour autant qu'il soutenait la cause des Dieux et je suppose que c'est pour cette raison qu'il se rapprocha des hommes. Je dirais même plus : il prit parti contre Zeux, "tyran insouciant du bonheur des mortels". Lors d'un sacrifice en l'honneur de Zeus, les hommes ne savaient quelle partie du taureaux tué offrir au dieu, et laquelle garder. Prométhée partagea : des os recouverts de la graisse blanche d'un côté, la chair tendre cachée sous l'estomac de l'autre. A la vue alléchante de la graisse blanche témoin d'une chair tendre, Zeus choisit le premier tas. Le tour était joué.
Dans une colère sans nom à l'égard des hommes, Zeus leur confisqua le feu ; ce même feu que Prométhée s'empressa de voler et de donner à qui de droit.


Cet acte est à l'origine de sa perte : il fut enchainé dans les montagnes du caucase et condamné à se faire manger le foie par un aigle géant. Etant immortel, son foie régénéré chaque jour le mènerait à une souffrance éternelle.


Quant aux hommes, l'origine de leur malheur est... La femme ! (Je ne suis même pas surprise). Bon plus généralement c'est la connerie de l'homme. Je m'explique : Zeus créa un être pour lequel il demanda à chaque Dieu de l'Olympe de lui transmettre un trait de caractère. L'être crée fut donc d'une beauté n'égalant que la perfidie et la paresse qu'il portait en lui (la femme  quoi). Cet être répondait au nom de Pandore et fut offert par Zeus à Épiméthée. Cet idiot ébloui par tant de beauté l'épousa.

En ces mêmes temps, les hommes vivaient heureux, exempts de tout soucis : les fléaux avaient été enfermés dans une jarre précédemment. 
Comme tu le sais déjà, du moins comme tu t'en doutes, Pandore trouva cette jarre et l'ouvrit. Tous les fléaux se répandirent sur les hommes ; seul un resta enfermé, l'espoir.

A bon entendeur !


PS : Je tire la majorité de cette information d'un livre qui m'a aussi appris que Zeus était un sacré chenapan. Non seulement il avait plein de maîtresse, mais il a eu des paquets de femmes, Héra n'étant qu'une pièce du puzzle illustrant ses innombrables conquêtes. Quelle déception cela a été ! Trompée par Disney, je suis. 
     Et il est déjà arrivé à Zeus de manger son épouse enceinte.
 En bref, le "vrai" Zeus n'a rien à voir avec ce demeuré monogame ci-dessus.

jeudi 25 novembre 2010

Delphi

Cher lecteur,

J'ai décidé de délaisser un temps mon thème favori (la contestation sociale) pour vous faire voyager en grèce antique.

Dimanche donc, je pose les pieds sur le sol de Delphes, cité antique reconnue, site archéologique renommé. Je lève les yeux encore embrumés dus à 3h dans un bus bondé de touristes franco-français (elles étaient deux d'accord) sur la ville en question. Une ville ?! Pfff, un village oui. Celà dit, indication à la sauce tzaziki et sens aiguisés matinaux de Simon et de moi-même (je précise qu'il est 11h) sont la cause d'une "ballade" (mais il est où ce foutu musée ? - signes ostensibles d'énervement chroniques) au sein du village pendant près d'une heure. Nouvelle précision : la grèce n'est ni la Belgique ni les Pays-bas, ça monte ! Et pas qu'un peu.
Midi. Musée trouvé. Entrée gratuite. Les grèves ne sont donc pas toujours néfastes au consommateur.


Passons à la récitation : " Delphes est le site d'un important « sanctuaire panhellénique » dans la Grèce antique. Il est dédié au dieu Apollon Pythien et caractérisé par la présence d'un oracle. Les sanctuaires panhelléniques étaient des complexes architecturaux extérieurs aux cités : ils constituaient les seuls lieux où tous les anciens Grecs prenaient part à des célébrations à caractère religieux « communes »." Je te laisse reconnaître le site que j'ai osé plagier.

Comme tu l'as donc compris, il s'agit d'un amas de ruines auquel on tente de donner un sens. C'est plutôt réussi, je dois dire. Tout le monde a sa part : les Crétois (et non les chrétiens) qui serait à l'origine de l'érection du temple en l'honneur d'Apollon, les athéniens qui ont leur propre trésor sur le site, les romains qui ont tout ruiné (dans tous les sens du terme), etc... A chacun desquels le musée s'est efforcé d'attribuer une salle truffée d'éléments archéologiques issus du site (statues, frises principalement), chacun de ces éléments eux-mêmes truffés de commentaires si précis et experts qu'on se rappelle alors les bienfaits immédiats de la vulgarisation, bien-faits qui consistent à ne pas sortir du musée barbouillés, nauséeux, comme trop remplis de termes indigestibles.
Je te passe la lithanie habituelle : "C'était super joli. On a eu de la chance avec la météo : il faisait super beau. Il faut trop (alternative à super) que tu le vois."
En effet, c'est un site incroyable. Cependant, j'avoue ne pas avoir compris ce en quoi il retournait exactement. Je veux dire qu'en ce qui concerne l'histoire du site panhellenique, il se mêle un moultitude de périodes à ne plus savoir où donner de la tête : période archaïque, classique, néo-classique... Et encore, j'ai limité ces derniers exemples au cas artistique/culturel.

Conclusion : faire preuve d'un bagage historico-culturel un peu moins léger la prochaine fois.

Quant aux fonctions d'un temple dans la grèce antique, tu les connais déjà.

Le but de cet article est donc principalement de te faire apprécier mon talent photographique sans précédent.





Ces restes de statues portaient à l'origine un ensemble de bijoux et autres parures constitués de fines feuilles d'or et d'argent, ce qui faisait en partie leur beauté.A ce qui paraît, on reconnait l'art archaïque à ce dernier détail ainsi qu'à leur sourire énigmatique (entre autres).

La découverte de deux statues identiques issues de l'art antique est peu commune. La légende veut que ces deux statues représentent deux frères qui auraient été élevés au statue de demi-dieux : leur mère qui souhaitait monter au temple attendait les boeufs travaillant aux champs pour mener la charette. Ceux-ci tardant, ces deux jeunes hommes auraient remplacé les boeufs, fait donc preuve d'une force et d'un courage sur humain et monté leur pauvre mère jusqu'au sommet. Celle-ci aurait alors demandé la grâce des dieux. On les aurait retrouvés morts dans le temple le lendemain. D'un point de vue rationnel (si on peut dire), je trouve cette histoire tragique. Mais selon la croyance locale, ils auraient simplement trouvé le salut. La religion a parfois ses bienfaits, il faut le croire.

Cet homme ne représente ni un dieu, ni un héros local. Il semble que l'une des fonctions du site soit aussi la valorisation de certaines grandes familles d'époque. Voici l'un des patriarches sagement représenté comme un philosophe.
Voici un bout d'une des inombrables frises d'un des nombreux temples qui constituent le site. Chacun des frises a un but précis, généralement de louer le courage des dieux et plus précisément de mettre en image leur combat face aux titans (Hercule de Disney résume bien la situation entre les dieux et les titans).


Trêve de blabla, voici les photos pêle-mêle.
Photos sélectionnées du site archéologique :

Depuis Delphi :


En espérant t'avoir fait rêvé... 
A la bonne heure !

lundi 22 novembre 2010

To polytechnio (le témoignage)

Cher lecteur,

Maintenant que je t'ai gentiment bassiné avec l'histoire grecque (c'était mon challenge), je vais te raconter ce qu'il nous est arrivé à nous, les étrangers pris dans une manifestation nationale.

Ce qu'il faut savoir (A), c'est que cette manifestation est l'une des plus importantes de l'année (voire la plus plus bonus). C'est aussi l'une des plus violentes. Par conséquent, les manifestants sont entourés de policiers. Il y a d'abord les bleus qui protègent certains bâtiments. Et puis, il y a les verts qui suivent les partis les plus dangereux et se cachent à des coins stratégiques. Ils sont foutus de tout un attirail : armure carapace, masque à gaz, matraque, bombe lacrymogène et gros fusil que je ne sais pas encore à quoi il sert. Un petit garçon aurait été extasié devant tant d'accessoires que même "Action Man" ne possède pas. En ce qui me concerne, j'étais plutôt mitigée.

Du côté des manifestants (B):
Comme je te l'ai dit précédemment, Modestos (notre "guide" grec) nous a fortement déconseillé de se fondre dans la masse radicale soit de suivre les anarchistes cagoulés. Que nenni ! On s'est retrouvé derrière eux par hasard...

Bon, maintenant si l'on conjugue (A) à (B), tu trouveras sans doute que notre comportement n'a pas été des plus malins, encore moins des plus sûrs. Pour pousser un peu plus loin ton raisonnement, je te dirais que les monsieurs à cagoules provoquaient les monsieurs verts à coups de mots d'abord, puis de cailloux, puis de bout de poubelles en métal, puis... A coup de tout ce qu'ils avaient à portée de main. 
Etrangement les gardes armés n'ont pas réagi tout de suite. Mais, on les sentaient, on les voyaient. Ils se sentaient humiliés comme beaucoup d'entre nous le seraient à leur place. Ils piétinaient. A chacun de leur arrêt (car ils suivaient en ligne ordonnée la marche), ils tenaient cette position, le pied fort en avant, prêts à charger. Ce sont des chiens, dressés à l'attaque. 
Et lorsque de l'oreillette : "attaque", ils lâchent toute leur furie et frappent cassent tout ce qui est à leur portée, cagoulé ou non (gardons l'exemple de ces anarchistes extrêmistes).

En l'occurence, j'étais proche d'eux lorsque les "verts" ont attaqué. Plus précisément, j'étais sous l'un d'eux. "Quoi ?" Je m'explique : la marche se tenait sur la route, les gardes sur les trottoirs. Bien évidemment, les trottoirs sont bordés de barrières. J'ai donc conclu naïvement que les "verts" ne pourraient riposter qu'en cas d'absence de barrière soit un peu plus loin. Tandis que j'observais le coeur de la manifestation monter en tension, de même que les autorités, un vide de près de 50m se formait entre la masse des cagoulés et le mouvement manifestant suivant. Cela ne m'a pas interpellé (grande folle que je suis). 
Il y a le coup de trop de la part d'un cagoulé. Les verts ont attaqué. D'abord, ils n'ont fait qu'encerclé la masse violente. Puis, c'est une vague de 'vert' que j'ai vue surmonter la barrière pour frapper aveuglément. C'est à ce moment précis que mon esprit a photographié l'image d'un monsieur me sautant littéralement dessus. J'ai tourné les talons pour me réfugier 25m plus loin derrière Simon. Le principe "courage, fuyons" n'a jamais été aussi bien démontré. 
Nous avons donc suivi la marche d'un peu plus loin. Les fumigènes piquaient les yeux et le nez. Nous avons acheté des bières et joui du droit de boire dans la rue, une histoire qui finit bien !


En guise d'ouverture :
1) Il s'est avéré que cette année était l'une des plus calmes depuis un moment. Qu'est-ce que ça donne lors des années millésimées ?
2) On comptait entre 20 000 (chiffre officiel) et 50 000 personnes (chiffre syndical). Qu'en est-il du nombre de policiers assignés à la manifestation ?
3) http://www.athensnews.gr/issue/13418/33954
   http://www.athensnews.gr/issue/13418/33955
   Il s'agit de deux petits articles concernant l'événement, en cas d'ennui indicible, n'hésite pas à les lire. Tu apprendras notamment que l'une des revendications de la manifestation était de mettre en parallère la dictature politique d'il y a 30 ans et la dictature financière que la grèce subit aujourd'hui (Booou le FMI et l'Europe !). Pour cette raison, le parti communiste souhaiterait voire la Grèce se retirer de l'UE...


Sur ce cher lecteur, j'ai faim.


PS : ces photos ne sont pas dignes d'un grand reportage photo (pas d'image prise dans l'action). Enjoy as you can.





les bleus, présents qu'il y ait manifestation ou non, au comportement stable (le travail c'est la pause)

les bons petits gardes(unité familiale)

L'instinct grégaire des bons petits gardes (le regroupement et la migration)



To Polytechnio (les détails)

Cher lecteur,

Le sujet d'aujourd'hui est un sujet de grande importance. Il est temps de parler d'histoire, de nationalisme et d'autres grands concepts.
Mercredi 17 novembre est jour férié en Grèce, du moins en ce qui concerne les étudiants et l'administration universitaire. Ce jour est la date anniversaire de la fin de la dictature des colonels en 1973 (pas si vieux, n'est-ce pas ?).
Avec une bande de copains (4 valeureux touristes), je me suis décidée à suivre la grande manifestation (principalement étudiante) qui est organisée ce jour là. Nous retrouvons un grec membre du parti radical de gauche qui nous conseille fortement d'éviter le parti anarchiste et le sien durant la marche. "Bah pourquoi ?" "Oh bah c'est un peu violent, il y a des bombes molotov tout ça..." "Ahh.." Oui, normalement ça calme.
Avant le début de la marche, j'aperçois un début de soulèvement près de ces partis. Notre guide grec me rassure : il s'agit des étudiants membre du parti actuellement au pouvoir (gauche centriste - PASOK) qui ont souhaité participer à la manifestation et qui se sont fait "gentiment" rejeté par la majorité gauchiste. "Ce n'est rien".
La marche commence. Pour faire simple, elle part de l'école polytechnique pour aller jusqu'à l'ambassade américaine. Évidemment, cette trajectoire a un sens, c'est même tout un symbole. C'est donc ce que je vais tacher de t'expliquer, sans pour autant m'engouffrer dans des détails florissants et peut-être peut utiles à l'explication de cet événement. 

Début 1973, la Grèce est sous l'égide du colonel Papadopoulos. Cet homme, secondé par deux autres "leaders" militaires, a pris le pouvoir en 1967, par un coup d'état extraordinairement peu violent mais au combien efficace.
Quoi qu'il en soit, les colonels sont arrivés au pouvoir avec une idée en tête : éradiquer le communisme (Quand je dis éradiquer le communisme, Papadopoulos et ses hommes voyaient en tout mouvement de gauche un parti révolutionnaire dangereux.), rétablir la dignité grecque et sa puissance, notoriété (blablabla) bien évidemment. Il s'agissait de rétablir l'ordre quoi. 

Puisque je t'ai évoqué l'un des objectif de Papadopoulos, tu comprends peut-être mieux quel a été le rôle des États-Unis dans un contexte de guerre froide dans cette prise de pouvoir ?
Après tout, une dictature fasciste est mieux qu'une dictature communiste, n'est-ce pas ? Quelque soit la probabilité d'avènemenent de la dictature communiste d'ailleurs. 
Par ailleurs, la Grèce faisait déjà partie de l'OTAN à cette époque : fourniture de matériel militaire et financement de l'armée permis pas les États-Unis. Et aveuglement de l'ensemble des pays membres face à ce désastre social et politique.
D'où cette volonté de marcher jusqu'à l'ambassade américaine lors de la commémoration de 73.
Alors pourquoi partir de l'école polytechnique ? 

Ce sont les étudiants de cette école qui sont à l'origine de la chute de Papadopoulos. Dès février 73, ceux-ci ont organisé des rassemblements, des protestations contre le pouvoir dans l'université qui jouissait alors d'un droit d'asile (comme aujourd'hui encore). Qui dit droit d'asile dit interdiction aux forces gouvernementales d'y pénétrer.
Raison de plus pour occuper les universités en signe de protestation, jusqu'au moment où la police pénètre les lieux et casse i.e elle disperse le mouvement (bah ouais c'est une dictature, on s'en fout des lois).

A la nouvelle saison universitaire, rebelotte. Les étudiants protestent de nouveau mi-novembre. Cette fois, ils sont plus organisés, et l'ensemble des universités d'Athènes revendique ses droits. Papadopoulos finit par reconnaître l'incapacité de la police à agir sur la foule en colère et décidée...
Il fait donc appel à l'armée. Le 17 novembre 1973, ce sont les tanks qui "dispersent" le mouvement.
on parle de 2400 personnes arrêtées et des dizaines de blessés auraient succombé à leurs blessures dans les jours suivant l'intervention des tanks. Soit plus de 34 morts (chiffre officiel).

Cette série de protestations date le début de la fin pour Papadopoulos, mais pas de la fin de la dictature. Il faudra l'invasion turc à Chypre pour définitivement ramener la démocratie au pouvoir : face à un tel risque de guerre contre la Turquie, le chef militaire au pouvoir préfère faire appel à l'ancien premier ministre pour la mise en place d'un "gouvernement provisoire" (poule mouillée quand même).

J'ai essayé de simplifier le contexte historique mais si tu veux t'intéresser d'un peu plus près au coup d'état de colonels et à leur arrivée au pouvoir : 
http://www.monde-diplomatique.fr/publications/grandsreportages/grece
Ça vaut le coup d'oeil.