lundi 22 novembre 2010

To polytechnio (le témoignage)

Cher lecteur,

Maintenant que je t'ai gentiment bassiné avec l'histoire grecque (c'était mon challenge), je vais te raconter ce qu'il nous est arrivé à nous, les étrangers pris dans une manifestation nationale.

Ce qu'il faut savoir (A), c'est que cette manifestation est l'une des plus importantes de l'année (voire la plus plus bonus). C'est aussi l'une des plus violentes. Par conséquent, les manifestants sont entourés de policiers. Il y a d'abord les bleus qui protègent certains bâtiments. Et puis, il y a les verts qui suivent les partis les plus dangereux et se cachent à des coins stratégiques. Ils sont foutus de tout un attirail : armure carapace, masque à gaz, matraque, bombe lacrymogène et gros fusil que je ne sais pas encore à quoi il sert. Un petit garçon aurait été extasié devant tant d'accessoires que même "Action Man" ne possède pas. En ce qui me concerne, j'étais plutôt mitigée.

Du côté des manifestants (B):
Comme je te l'ai dit précédemment, Modestos (notre "guide" grec) nous a fortement déconseillé de se fondre dans la masse radicale soit de suivre les anarchistes cagoulés. Que nenni ! On s'est retrouvé derrière eux par hasard...

Bon, maintenant si l'on conjugue (A) à (B), tu trouveras sans doute que notre comportement n'a pas été des plus malins, encore moins des plus sûrs. Pour pousser un peu plus loin ton raisonnement, je te dirais que les monsieurs à cagoules provoquaient les monsieurs verts à coups de mots d'abord, puis de cailloux, puis de bout de poubelles en métal, puis... A coup de tout ce qu'ils avaient à portée de main. 
Etrangement les gardes armés n'ont pas réagi tout de suite. Mais, on les sentaient, on les voyaient. Ils se sentaient humiliés comme beaucoup d'entre nous le seraient à leur place. Ils piétinaient. A chacun de leur arrêt (car ils suivaient en ligne ordonnée la marche), ils tenaient cette position, le pied fort en avant, prêts à charger. Ce sont des chiens, dressés à l'attaque. 
Et lorsque de l'oreillette : "attaque", ils lâchent toute leur furie et frappent cassent tout ce qui est à leur portée, cagoulé ou non (gardons l'exemple de ces anarchistes extrêmistes).

En l'occurence, j'étais proche d'eux lorsque les "verts" ont attaqué. Plus précisément, j'étais sous l'un d'eux. "Quoi ?" Je m'explique : la marche se tenait sur la route, les gardes sur les trottoirs. Bien évidemment, les trottoirs sont bordés de barrières. J'ai donc conclu naïvement que les "verts" ne pourraient riposter qu'en cas d'absence de barrière soit un peu plus loin. Tandis que j'observais le coeur de la manifestation monter en tension, de même que les autorités, un vide de près de 50m se formait entre la masse des cagoulés et le mouvement manifestant suivant. Cela ne m'a pas interpellé (grande folle que je suis). 
Il y a le coup de trop de la part d'un cagoulé. Les verts ont attaqué. D'abord, ils n'ont fait qu'encerclé la masse violente. Puis, c'est une vague de 'vert' que j'ai vue surmonter la barrière pour frapper aveuglément. C'est à ce moment précis que mon esprit a photographié l'image d'un monsieur me sautant littéralement dessus. J'ai tourné les talons pour me réfugier 25m plus loin derrière Simon. Le principe "courage, fuyons" n'a jamais été aussi bien démontré. 
Nous avons donc suivi la marche d'un peu plus loin. Les fumigènes piquaient les yeux et le nez. Nous avons acheté des bières et joui du droit de boire dans la rue, une histoire qui finit bien !


En guise d'ouverture :
1) Il s'est avéré que cette année était l'une des plus calmes depuis un moment. Qu'est-ce que ça donne lors des années millésimées ?
2) On comptait entre 20 000 (chiffre officiel) et 50 000 personnes (chiffre syndical). Qu'en est-il du nombre de policiers assignés à la manifestation ?
3) http://www.athensnews.gr/issue/13418/33954
   http://www.athensnews.gr/issue/13418/33955
   Il s'agit de deux petits articles concernant l'événement, en cas d'ennui indicible, n'hésite pas à les lire. Tu apprendras notamment que l'une des revendications de la manifestation était de mettre en parallère la dictature politique d'il y a 30 ans et la dictature financière que la grèce subit aujourd'hui (Booou le FMI et l'Europe !). Pour cette raison, le parti communiste souhaiterait voire la Grèce se retirer de l'UE...


Sur ce cher lecteur, j'ai faim.


PS : ces photos ne sont pas dignes d'un grand reportage photo (pas d'image prise dans l'action). Enjoy as you can.





les bleus, présents qu'il y ait manifestation ou non, au comportement stable (le travail c'est la pause)

les bons petits gardes(unité familiale)

L'instinct grégaire des bons petits gardes (le regroupement et la migration)



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